Vous avez envie de travailler dans le social, de vous reconvertir. Mais vous vous posez beaucoup de questions. Vers quel métier m’orienter en travaillant dans le social ? Est-ce que ce métier peut me correspondre ? Vous vous sentez perdu sur le plan professionnel. Ce que vous savez, c’est que votre travail actuel, ne vous convient plus. Vous voulez trouver une voie professionnelle dans laquelle vous vous sentez épanouie.
Dans cet article, je vous raconte, l’histoire d’ Anas Lahlou, juriste de formation… Le jeune homme a décidé de donner à sa vie professionnelle un nouveau tournant et de se reconvertir en tant que conseiller en insertion professionnelle.
En tant que psychologue et coach en reconversion professionnelle, je me suis intéressée à son parcours pour plusieurs raisons :
- vous inspirer à travers son histoire.
- vous faire découvrir un métier du social : celui de conseiller en insertion professionnelle.
- vous montrer que la reconversion est chose possible pour vous aussi !
Présente-toi. Qui es-tu et quel a été ton parcours scolaire avant d’être conseiller en insertion professionnelle ?
Je m’appelle Anas Lahlou. Je suis titulaire d’un baccalauréat français en science économique et sociale que j’ai obtenu au Maroc dans un lycée français.
C’est une richesse pour moi le fait d’avoir une double culture : occidentale et orientale.
Je tiens à la souligner car vous verrez par la suite que c’est cette richesse qui m’a permis de savoir qui je suis et où je vais dans ma vie.
Une première année d’étude en France semé d’embûches…
Juste après mon bac ma mère avait insisté pour que je ne fasse pas de droit et elle m’avait accompagné en France jusqu’à Bordeaux pour me convaincre de faire de l’économie. “Tu pourras par la suite, reprendre le business familial, reprendre la boîte.” me disais-t-elle.
A cette époque, je manquais de confiance, d’assurance et j’avais peur d’échouer. Donc je l’ai écouté.
Par la suite, cette même peur de l’échec qui m’a conduit à échouer. Pourquoi ?
Tout simplement car cette même année, je me suis rendu compte que j’étais plutôt le type de profil à travailler sur l’analyse d’un texte et non sur des mathématiques appliquées. Cette année, il y a eu aussi le décès de mon père. Du coup, je n’ai pas continué en économie et gestion.
Je suis retourné au Maroc pour m’inscrire en fac de droit. D’ailleurs, j’ai pu exceller en droit, et prouver à ma mère qu’elle avait tort. J’étais en route vers ma vocation…

Pourquoi tu t’es réorienté vers le droit ?
J’étais sûre de mon choix car je savais que j’avais des capacités d’apprentissages et de mémorisation qui me facilitent la tâche en droit. Et surtout, car mon parcours de jeunes étudiant a été difficile. Quand j’étais plus jeune, j’ai rencontré pas mal de difficultés personnelles. J’ai souvent été victime de moqueries, d’humiliations, de harcèlement scolaire. Par rapport à cela, je ressentais beaucoup d’injustice dans ma vie quotidienne. C’est à partir de là, que je me suis dit qu’il fallait que j’apprenne à connaître mes droits !
Partir à l’étranger pour ses études : une adaptation qui s’est avérée difficile
Après m’être bien concentré sur le droit de mon pays, j’ai intégré une école de commerce en France : le MBA ESG business of law de paris en alternance. J’ai réussi à m’intégrer au cursus Français.
Malgré tout, mes expériences professionnelles de stages se sont très mal déroulées car j’avais du mal à m’adapter au contexte professionnel français. J’ai amené avec moi une culture de chaleur humaine, de la proximité, ainsi qu’une façon de vivre qui n’était pas forcément adaptée au mode de vie parisien.
Les premiers signes d’une très forte anxiété en pleine préparation de concours
Apres l’obtention de mon MBA au sein de l’ESG Business School Paris j’ai passé une année très compliquée. J’avais une tristesse au quotidien, ce qui a fait que je suis tombé en dépression. Je n’étais plus capable d’ouvrir un bouquin et de réviser car j’enchainais le travail sans prendre de vacances. Suite à cela, j’ai pris 30 kg.
Je ressentais souvent cette pression familiale constant à réussir pour faire honneur à la famille. J’étais devenu très anxieux.
J’ai essayé de passer le barreaux, je n’ai pas réussi. J’étais tellement mal que pendant deux années, je n’ai pas travaillé à cause de mon anxiété poussée.
Je me mettais une grosse pression, car lorsqu’on vient d’un pays d’afrique, on veut toujours que son enfant réussisse le mieux possible : tu dois rester en france, tu dois trouver un travail.
Comment s’est fait ton intégration sur le marché de l’emploi après cette période très complexe de ta vie ?
J’avais cette rage de me rattraper après deux échecs consécutifs à l’examen du barreau. Après deux ans d’ errance, j’ai travaillé en cabinet d’avocat sur Paris pour un stage en tant que juriste.
Mon rôle était de reçevoir des clients en cabinet pour les écouter et les conseiller. Je devais rédiger des conclusions pour défendre les clients.
Malheureusement, ma supérieure hiérarchique était extrêmement malveillante et instable. A l’époque, j’étais plutôt naïf et peureux car il lui arrivait d’être très régulièrement menaçante.
Par la suite, comme j’étais contraint de trouver en urgence un CDI pour pouvoir rester sur le territoire Français, une pression constante m’animait en raison d’un défaut de garantie de renouvellement de titre de séjour.
Sauf que j’avais réellement l’impression que personne ne voulait de moi sur le marché du travail. Le seul moyen que j’ai trouvé pour rester sur le territoire français, c’est de me mettre à mon compte en tant qu’indépendant. C’est là que l’aventure à commencé pour moi. J’ai pu effectuer une reconversion partielle.
Comment es-tu passé de juriste en cabinet d’avocat à conseiller en insertion professionnelle à ton compte ?
En tant que juriste, me mettre à mon compte me semblait peu viable. En effet, il y avait des règles déontologiques qui s’appliquaient et les avocats avaient le monopole du conseil. Donc, je ne pouvais pas faire de conseil juridique.
A partir de là, je me suis dit : que vais-je faire ?
Un jour, je me suis levé un matin et je me suis dit que j’allais envoyer un message à tous mes contacts Linkedin pour leur expliquer ma situation et trouver une solution.
Au bout du 10 ème message envoyé, je recoit à ma grande surprise un message d’une femme que je ne connaissais pas. Elle m’indiquait qu’une association recherchait un juriste pour informer et orienter les personnes vers des professionnels du droit mais qu’il fallait être à son compte.
J’ai vu cela comme une opportunité.
C’est ainsi que j’ai commencé à faire de la permanence juridique au sein de cette association. Depuis, à l’heure où je vous parle, je travaille toujours au sein de cette structure à hauteur d’une fois par semaine.
En parallèle, je travaillais au sein de plusieurs cabinets d’avocats où des personnes ne cessaient de me répéter que j’avais toutes les qualités requises pour devenir avocat. Plus on me disait cela, plus je me sentais mal. J’avais raté l’épreuve du barreau, moi qui était habitué aux bons résultats…
En toute honnêteté, je pensais avoir raté ma vocation !
Qu’est-ce qui t’as conduit à passer de juriste à conseiller en insertion professionnelle ?
Les proches portent conseil
J’étais fatigué de ma situation. Étant très proche de ma mère, je lui ai dit que j’avais envie de rentrer me reposer un peu au Maroc. Elle m’a incité à chercher du travail en France.
Et puis finalement, heureusement que je l’ai écouté.
J’ai fait un point sur moi même. Je me suis dit que j’aime transmettre mon savoir-faire et communiquer. J’ai donc commencé à chercher des missions de formateur en droit.
Mais parfois le hasard fait bien les choses !
La découverte d’un nouveau métier
J’avais accidentellement candidaté vers un poste de formateur en bilan de compétence. A partir de là, j’ai été contacté par un organisme de formation qui m’a dit que mon profil était intéressant, même si je n’avais jamais pratiqué de bilan de compétence. Ils m’ont proposé de m’accompagner et me former au bilan de compétence pendant 1 mois. Je me suis formé en e-learning et j’ai acheté plusieurs ouvrages sur le sujet.
Au vu de ma situation financière et professionnelle, j’ai bien évidemment accepté.
J’ai suivi la formation en bilan de compétence et je me suis dit que c’est juste magnifique de pouvoir aider des personnes, car moi-même j’avais besoin d’aide et je n’ai pas trouvé cette aide !
C’est ainsi que je me suis donc intéressé à cette nouvelle profession et j’en ai fait ma profession principale, et la profession juridique était devenue une profession accessoire.
Aimes-tu toujours ton métier de juriste à présent que tu as changé de voie ?
J’aime toujours le droit. C’est dans ce domaine que j’ai développé beaucoup de compétences. J’ai rencontré des personnes confrontées à de graves difficultés (tentatives de suicides, MST, victime de viol, d’abus graves).
Le fait d’apporter mon soutien sur le plan juridique, de rassurer et de dire qu’il y a tout de même des alternatives, et de voir que la personne était anéantie et rentre chez elle avec une lueur d’espoir, je trouve cela magnifique. Ça me fait réaliser à quel point mon utilité à été d’une aide sans précédent.
Quand je contribue au bonheur d’une personne…A mon tour, je suis heureux !
Qu’est-ce que tu aimes dans ton nouveau métier de CIP ?
Le bilan de compétence c’est quelque chose que je fais et que j’aime beaucoup. J’aime beaucoup accompagner les personnes sur le plan professionnel à travers des coaching. Je trouve que c’est complémentaire au droit (du travail, social notamment). J’ai découvert un métier que j’aime !
C’est cette double casquette qui fait que je suis quelqu’un d’heureux sur le plan professionnel.
Quelle est la journée type d’un conseiller en insertion professionnelle ?
Je reçois la personne en entretien d’accueil, je lui présente l’accompagnement Activ’projet dans le cadre d’un dispositif pôle emploi.
Je l’accompagne à élaborer un projet professionnel ou à confirmer un projet professionnel.
J’aide les demandeurs d’emploi à mener une enquête sur eux mêmes. J’accompagne la personne à explorer différents métiers, et j’anime des ateliers de temps à autre dans la semaine (ex. atelier pour apprendre à pitcher comme un professionnel, explorer les métiers).
La formation en bilan de compétence m’a aidé à avoir les outils pour aider les personnes.
Tu te considères comme reconverti partiellement. Peux-tu nous décrire tes autres activités professionnelles ?
Bien sûr. Je suis très polyvalent. Toutefois le métier de conseiller en insertion professionnelle représente maintenant 70% de mon quotidien en tant que professionnel, les cours de Français (20%) et mon métier de juriste à la mairie environ 10% de mon temps.
A côté de ça, je fais plusieurs activités professionnelles :
- Je fais des formations en management d’équipe
- Je donne des cours de français à des étrangers
- Je fais de l’insertion professionnelle
- J’accompagne les personnes à la mairie en tant que juriste
Quelle est ta meilleure anecdote en tant que CIP ?
Pour la petite histoire, j’ai reçu un monsieur en accompagnement qui m’a demandé si pour assister à un atelier il fallait un niveau intellectuel élevé, je lui ai dit “Monsieur, personne n’a un niveau intellectuel réellement élevé, vous, vous avez travaillé 34 ans en tant que pâtissier. La seule pâtisserie que je connaisse, c’est mon croissant le matin et ma tarte au citron le matin (rire). Donc partant de ce principe là, votre niveau intellectuel en pâtisserie est plus élevé que le mien ! Et dès que je lui ai dit cela, il m’a dit “oui, mais je n’ai pas de diplôme”.
Je lui ai répondu donc que “ Je connais un monsieur qui était vendeur de chaussettes au Maroc et qui est à présent un homme d’affaires au Maroc qui a réussi financièrement”.
Les gens doivent arrêter de s’auto-censurer !
Quel type de conseiller en insertion professionnelle es-tu ?
J’adapte l’accompagnement en fonction des besoins de la personne, et de son profil et sa personnalité.
Aujourd’hui, je pense que les mentalités doivent changer, et qu’on doit donner notre chance à des personnes qui ont fait peu d’études. On doit se recentrer sur l’humain et pas uniquement sur les diplômes.
Soyez conscient de ce que vous pouvez apporter aux autres. Et à partir de là, vous aurez une vision différente de vous-même. N’oubliez pas l’exemple de J. K. Rowling qui a écrit Harry Potter et que personne ne voyait avoir une telle réussite !
Ta mère voulait que tu fasses des études d’économie. Comment a-t-elle vécu ta reconversion professionnelle vers le métier de CIP?
Très sincèrement, elle est très fière de moi et heureuse de voir que je suis épanouie au travail. Elle voit que je suis passé par des moments très difficiles de perte d’estime de soi, et que j’ai su me relever.
Avec du recul je me dis que j’aurais pu faire une reconversion dans n’importe quel métier (médecins, mécaniciens, chanteurs), elle m’aurait soutenu ! (rire)
L’important, c’est de rebondir. Dès lors que tu rebondis à une épreuve, c’est la plus belle des choses. Ce n’est jamais facile, mais gardez en tête que c’est faisable.
Que dirais-tu aux personnes qui souhaitent changer de voie professionnelle ?
Vous disposez d’un minimum de compétences notamment en tant juriste. On peut par exemple travailler dans le milieu de l’insertion professionnelle à condition de suivre une formation complémentaire.
On n’est pas toujours conscient des compétences dont on dispose. C’est pour cette raison donc qu’il est nécessaire de faire le point sur vous même à travers un bilan de compétences ou un coaching pour gagner davantage confiance en soi, et savoir ce que vous pouvez faire comme métier/formation.
Moi-même j’ai fait appel à un coach. Et, si je te connaissais bien avant, j’aurais fait appel à toi !
Il ne faut pas hésiter à faire preuve de patience, et ne pas se laisser emporter par nos émotions et rester optimiste. Tout est rattrapable dans la vie, même einstein, n’avait pas eu son bac lors de la première année !
Tu t’es toi-même fait accompagner durant ton parcours. Quels ont été les effets bénéfiques du coaching sur toi ?
Ça m’a permis de voir les choses différemment et de me remettre en question. Ça m’a permis de gagner en estime de soi afin de pouvoir me réaliser davantage sur le plan professionnel.
Par ailleurs, j’ai réussi à me détacher davantage du regard des autres et travailler sur moi et de me dire que le plus important dans mon travail actuel, c’est mon bonheur.
Lorsque j’ai raté le barreau à deux reprises… tout le monde disait que c’était fini pour moi. Si je m’attardais sur ça, je serais peut-être en centre psychiatrique ou que sais-je ?!
L’accompagnement par un coach en orientation, et par un professionnel de la santé mentale, c’est quelque chose à ne pas négliger.
Avant, je ne prenais pas ça au sérieux, et puis à un moment donné quand tu as l’impression de ne pas avancer, que tu ne fais rien de ta vie et que tu es malheureux, crois moi que c’est un très beau voyage !
Le coaching m’a permis d’effectuer un voyage en allant de la personne que l’on pense être vers la personne que l’on est réellement !
Vous savez à présent tout sur le parcours professionnel de Anas Lahlou. Il nous a montré comment il est possible de rebondir après des échecs scolaires et professionnels. Il a su passer à l’action, se faire accompagner, se former. Bref, saisir toutes les opportunités pour sortir d’une situation au départ chaotique. J’espère que son témoignage vous aura inspiré et vous aura motivé à ne pas abandonner face à l’adversité.
Peut-être à l’heure actuelle, vous vous sentez perdu et ne savez pas quelle voie professionnelle choisir. Vous savez simplement que vous ne souhaitez pas continuer dans le même travail pendant des années. Alors, quelle formation faire ? Quelle activité peut vous faire vous sentir heureux, épanouie et à votre place ? Je vous propose des séances de coaching pour vous accompagner à trouver votre voie. Dans ce cas, contactez-moi pour en savoir plus. Je m’engage à vous répondre dans les 72h.
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